Le tailleur de pierres

La taille mathématique
quasi automatique
de la pierre au carré
ronde et lisse travaillée
par tes mains calleuses
fortes et heureuses...

Tu sais le coeur de la pierre
tu la fends à l'envi
tu lui redonnes vie
Tu sais le coeur de la pierre.

Moi, je fends le coeur de ta pierre.

L'eau de la fontaine fraîche
apaise ta gorge sèche;
et les yeux rougis de poussière
tu mets ton sac en bandoulière.

Alors, près de l'embarcadère,
tu t'asseois sur ton banc de pierre
pour voir ton aber, rougi de lumière, s'ouvrir vers l'océan
sur lequel veille, sentinelle de granite, le crapaud géant.

Puis vient l'heure, entre chien et loup, précisément.
Il rôde encore près des hautes maisons de pierres
venelle du Vieux l' Aber, quand bâillent les paupières.
C'est le loup du Tromeur comme le dit ma maman.
Comme avant, elle l'entend. Tu sais d'où:
de ton grand lit merisier aux draps de dentelles.
Aujourd'hui, je t'entends: Tu fais "hou!"
Tes mots, à travers elle, s'envolent à tire d'ailes
vers cette tanière, près de ta carrière.

J'entends le coeur de ta pierre
il en coule mes mots
tes éclats de crapauds
J'entends le coeur de ta pierre.

-Arlequin-

Tu sais le coeur de la pierre
suivi de
J'entends le coeur de ta pierre